Enquêtes qualitatives sur les motivations des Comités de Veille et d’Alerte Communautaire impliqués dans la surveillance des maladies infectieuses au Sénégal
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Author(s): Diop, D., Ba, A., Nguimfack, J., Moreland, S., & Sukumaran, S.
Year: 2019
Contexte : les récentes épidémies de maladies infectieuses en Afrique ont fait ressortir le rôle important de la communauté dans la surveillance des maladies notamment dans la détection précoce et la réponse rapide. Le Ministère de la Santé et de l’Action Sociale (MSAS) du Sénégal avec l’appui de ses partenaires dont MEASURE Evaluation a initié en 2016 la phase pilote de la surveillance à base communautaire. Cette activité est venue s’ajouter au paquet de services des acteurs communautaire de santé (ACS) qui intervenaient dans la santé maternelle et néonatale. C’est dans ce contexte que MEASURE Evaluation a mené une étude évaluative de la motivation des membres des Comités de Veille et d’Alerte Communautaire (CVAC) impliqués dans la surveillance épidémiologique.
Objectifs : cette étude avait pour objectifs, d’identifier les facteurs qui motivent et ceux qui démotivent les membres de CVAC dans leur rôle d’acteurs communautaires de santé (ACS) en général et dans la recherche et la notification des maladies prioritaires en particulier ; et de formuler des recommandations sur les moyens de renforcer la motivation des CVAC dans leur activité de surveillance communautaire.
Matériels et méthodes : huit focus groups ont été réalisés dans les postes de santé sélectionnés dans les districts sanitaires de Tambacounda, Koumpentoum, Podor, et Pété. Les données ont été collectées avec un questionnaire individuel et un guide d’entretien structuré en thèmes. Les données du questionnaire individuel ont été analysées sous SPSS. Les focus groups ont été enregistrés sur des dictaphones puis transcrites. Les données transcrites ont été traitées avec le logiciel Atlas.ti. Cette étude a obtenu un avis éthique et scientifique favorable du Comité National d’Éthique pour la Recherche en Santé et l’autorisation administrative du MSAS. Chaque participant a signé un consentement avant le démarrage des focus groups.
Résultats : 65 membres de CVAC au total ont participé à l’étude. L’enquête sociodémographique a montré que les membres de CVAC sont majoritairement jeunes avec une moyenne d’âge de 35 ans, mariés pour la plupart (83 %), avec une proportion plus élevée de femmes (sex-ratio 0,5), et scolarisés (55 % ont été jusqu’au niveau secondaire). En ce qui concerne le niveau de connaissance des langues, la langue la plus parlée est le pulaar (58 %), cependant le français reste la langue la plus écrite (71 %) et la plus lue (68 %). Pour ce qui est des facteurs de motivation, ils sont essentiellement symboliques et relationnels. Il s’agit de la reconnaissance communautaire et institutionnelle, des formations reçues et des outils de travail mis à leur disposition, et du suivi par les personnels de santé (ICP et superviseurs). S’agissant des facteurs de démotivation, le principal grief est lié aux moyens de travail (outils de gestion, de sensibilisation, et téléphones portables). Il s’ajoute à cela le manque de considération sociale et institutionnelle que certains CVAC ont pu ressentir et l’incapacité des membres de CVAC à répondre aux sollicitations des populations (consultations médicales, médicaments, argent, etc.). Au regard des résultats de l’étude, il a été formulé comme recommandations d’assurer aux CVAC une reconnaissance institutionnelle et un suivi régulier par les personnels de santé, et de leur doter d’objets de reconnaissance unique et de téléphones portables plus performants et en plus grande quantité.